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PORTRAIT


Carnet de route. Passion : Dinard
publié le 15 août 2014
dans le Télegramme

par Roselyne Veissid
r.veissid@letelegramme.fr


Passionné par la ville qui l'a accueilli à l'âge de 4 ans, Henri Fermin est inlassable et intarissable sur le sujet : il a publié une quarantaine d'ouvrages et continue, à 70 ans, à donner des conférences très suivies. Je ne pouvais faire moins que de le rencontrer !

C'est une mauvaise plaisanterie que de l'écrire... Henri Fermin, tignasse et barbe immaculées, faux air de Georges Moustaki, est connu comme le loup blanc à Dinard. Ce Normand d'origine a développé pour la ville, qui l'a adopté à l'âge de 4 ans, une passion qu'ici nul ne peut ignorer. Son nom figure au programme des conférences organisées par le casino et sur la couverture d'une quarantaine d'ouvrages consacrés à la station balnéaire : Dinard et ses hôtels, ses villas, ses plages, Dinard et ses fêtes, ses mondanités, sa population britannique... « C'est une ville aux mille facettes », s'enthousiasme-t-il. Rien ne prédisposait ce petit-neveu d'un chiffonnier-récupérateur de métaux, originaire de Ploeuc-sur-Lié, à devenir un érudit que des foules viennent écouter. « Dans ma famille, on était tisserand depuis les années 1600 au moins. Mais quand les toiles de Bretagne ont périclité, il a bien fallu se recycler », explique-t-il en substance.

Une caverne d'Ali Baba 

Le bric-à-brac du grand-oncle, au 12 rue Raphaël-Veil, à Dinard (il a existé jusqu'en 1990), repris par ses parents en 1948, fut une merveilleuse caverne d'Ali Baba pour le jeune Henri. « J'allais avec mon père vider les caves des villas. Ce qui m'intéressait, c'était le papier : les photos, les journaux, les cartes postales. J'entassais tout ça. Et j'écoutais les récits des personnes âgées, qui racontaient encore les inondations de 1929. » Mais des cartes postales ne sont parlantes que replacées dans leur contexte. « Je m'étais fait un ami d'Auguste Le Meur, né en 1896. Il m'expliquait les lieux, il reconnaissait des gens qu'il avait connus autrefois. » Voilà comment est né, en 1973, un ouvrage intitulé « Dinard à la Belle Époque ». Bien d'autres ont suivi. Et des travaux de l'historien, menés au fil de patientes recherches aux archives, restent à publier : l'un sur Lawrence d'Arabie en Bretagne, un autre, illustré de photos inédites, sur le tour de Bretagne à la voile réalisé en 1867 par le Dinardais William Faber. Un troisième reconstitue l'histoire des chiffonniers de Bretagne. Tous attendent dans un tiroir le bon vouloir d'un éditeur.

Tant de richesses

Et voilà qu'à 70 ans, cet historien pétri de rigueur scientifique (il est en outre passionné d'archéologie et, comme employé municipal, fut pendant 20 ans directeur du musée de Dinard, aujourd'hui disparu) se sent des dispositions pour la fiction. Il travaille à un roman, dont l'action se situe à Dinard bien sûr, et, sur des bases historiques, raconte l'épopée mal connue des nobles bretons qui, fuyant la Révolution, transitèrent par Dinard pour se réfugier à Jersey. Quand on l'interroge sur son site préféré, dans cette ville où l'on ne sait pas où donner des yeux tant les richesses offertes par la nature et celles que l'on doit à la main de l'homme sont abondantes, Henri Fermin n'a qu'une réponse : la plage de l'Écluse, siège de la vie mondaine d'autrefois. En revanche, il n'élit pas au titre de préférée l'imposante villa des Roches Brunes (entrée en 2007 par don dans le patrimoine municipal), mais une autre moins célèbre, dite villa Lagarde, de style néogothique. Son fondateur connut quelques déboires avec un architecte briochin, qui perdit au jeu le budget du chantier (c'était en 1895, il y a prescription !). Quand il n'est pas penché sur son ordinateur, l'historien se promène volontiers en ville. Mais il ne rejoint pas les baigneurs sur cette plage qu'il adore : il a horreur de l'eau ! Sa mère, à 98 ans, se souvient encore de vaines tentatives, ponctuées de hurlements, pour enseigner les rudiments de la natation à son turbulent rejeton...

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